La petite centrale au fond du jardin

La petite centrale au fond du jardin

La petite cen­trale au fond du jar­din. Festival MORTEL! Pau octobre 2011


« Les clients qui font le choix de la prise en charge glo­bale tirent plei­ne­ment avan­tage des atouts du nucléaire, une éner­gie recy­clable qui pro­tège l’environnement (réduc­tion de la consom­ma­tion de com­bus­tible et de la pro­duc­tion de déchets). Les tech­niques d’AREVA en matière de trai­te­ment et de recy­clage des déchets nucléaires sont une solu­tion à la fois éco­no­mique et éco­lo­gique pour l’industrie nucléaire, en France et dans le monde. AREVA pre­mier pro­duc­teur mon­dial d’uranium entre­tient depuis 40 ans avec le Niger (1) un par­te­na­riat soli­daire et le groupe place le déve­lop­pe­ment durable au cœur de sa stra­té­gie et de ses opé­ra­tions. L’offre com­prend éga­le­ment une gamme de faible puis­sance qui peut conve­nir en par­ti­cu­lier aux pays qui sou­haitent se pré­pa­rer à la mise en place d’un pro­gramme élec­tro­nu­cléaire. »

Tout a com­mencé comme une bonne blague. Ces quelques phrases gla­nées sur le site d’AREVA quelques semaines après l’explosion de la cen­trale de Fukushima étaient trop belles. Il y avait presque tout : recy­clable, éco­lo­gique, soli­daire, déve­lop­pe­ment durable. Il manquait juste du sen­sible pour rendre pré­sen­table cette si belle tech­no­lo­gie qui souffre néan­moins d’un défi­cit d’image auprès de l’opinion publique. Pas de pro­blème ! On allait rajou­ter de l’humanité à la louche ! Une toute petite cen­trale tapie au fond du jar­din, ver­na­cu­laire en diable, cha­leu­reuse, humaine, pati­née par les ans, rem­plie de nos­tal­gie : Papie qui rajoute du MOX (2) dans le foyer et Mamie qui met les déchets nucléaires en conserve. La cen­trale près de la fon­taine.

Et puis j’ai voulu en savoir plus. Tchernobyl. 25 000 à 125 000 morts et plus de 200 000 inva­lides pour les « liqui­da­teurs », 9 mil­lions d’adultes et 2 mil­lions d’enfants qui souffrent des conséquences de la catas­trophe, 400 000 per­sonnes dépla­cées.

Des habi­tants de Fukushima qui meurent de stress, qui péti­tionnent pour qu’on racle la cour de récréa­tion où vont jouer leurs gosses. Les riches qui filent, les pauvres et les vieux qui res­tent. Des mil­liers d’hectares ren­dus impropres à la vie humaine pour des dizaines d’années. Des pay­sans qui se sui­cident. Des mil­lions de mètres cubes d’eau empoi­son­née que l’on déver­sera dans l’océan pen­dant encore au moins deux ans. Un pays qui joue à la rou­lette russe avec une pis­cine rem­plie de plu­to­nium vendu par AREVA. Des pauvres et des S.D.F. recru­tés pour faire le ménage. Un gou­ver­ne­ment impuis­sant qui dis­si­mule, qui ment, qui démis­sionne.
Peu de temps après, Sarkozy du haut sa mâle suf­fi­sance, nous refai­sait le coup de la Ligne Maginot à la cen­trale de Gravelines —  Ils ne pas­se­ront pas ! « Nous devons avoir une confiance abso­lue dans l’industrie nucléaire française, la meilleure au Monde » —  devant une armée com­plai­sante d’agents E.D.F encasqués.

Ça pue la guerre tout ça. Les mêmes sol­dats plus ou moins volon­taires, envoyés se faire tuer au front, les mêmes popu­la­tions sacri­fiées, ter­ro­ri­sées, dépla­cées en trou­peaux. Les mêmes men­songes d’état.

La blague tour­nait au vinaigre. L’histoire avait com­mencé avec Nino Ferrer chez les Simpson et finis­sait sur la Route. Pas celle de Kerouac, celle de Mc Carthy.

(1) Le Niger c’est LE pays le plus pauvre de la pla­nète. 182 ème sur 182 (Indice de Développement Humain. ONU. 2011). La soli­da­rité entre la chèvre et le lion…
(2) Uranium usé dopé au plu­to­nium. Une espèce de spé­cia­lité française qui per­met à AREVA de pro­cla­mer que le nucléaire est recy­clable (à 5% par rap­port au volume de déchet) alors qu’il a été aban­donné par la plu­part des pays nucléa­ri­sés à cause de la dan­ge­ro­sité du pro­duit et de la filière.

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