« Les clients qui font le choix de la prise en charge globale tirent pleinement avantage des atouts du nucléaire, une énergie recyclable qui protège l’environnement (réduction de la consommation de combustible et de la production de déchets). Les techniques d’AREVA en matière de traitement et de recyclage des déchets nucléaires sont une solution à la fois économique et écologique pour l’industrie nucléaire, en France et dans le monde. AREVA premier producteur mondial d’uranium entretient depuis 40 ans avec le Niger (1) un partenariat solidaire et le groupe place le développement durable au cœur de sa stratégie et de ses opérations. L’offre comprend également une gamme de faible puissance qui peut convenir en particulier aux pays qui souhaitent se préparer à la mise en place d’un programme électronucléaire. »
Tout a commencé comme une bonne blague. Ces quelques phrases glanées sur le site d’AREVA quelques semaines après l’explosion de la centrale de Fukushima étaient trop belles. Il y avait presque tout : recyclable, écologique, solidaire, développement durable. Il manquait juste du sensible pour rendre présentable cette si belle technologie qui souffre néanmoins d’un déficit d’image auprès de l’opinion publique. Pas de problème ! On allait rajouter de l’humanité à la louche ! Une toute petite centrale tapie au fond du jardin, vernaculaire en diable, chaleureuse, humaine, patinée par les ans, remplie de nostalgie : Papie qui rajoute du MOX (2) dans le foyer et Mamie qui met les déchets nucléaires en conserve. La centrale près de la fontaine.
Et puis j’ai voulu en savoir plus. Tchernobyl. 25 000 à 125 000 morts et plus de 200 000 invalides pour les « liquidateurs », 9 millions d’adultes et 2 millions d’enfants qui souffrent des conséquences de la catastrophe, 400 000 personnes déplacées.
Des habitants de Fukushima qui meurent de stress, qui pétitionnent pour qu’on racle la cour de récréation où vont jouer leurs gosses. Les riches qui filent, les pauvres et les vieux qui restent. Des milliers d’hectares rendus impropres à la vie humaine pour des dizaines d’années. Des paysans qui se suicident. Des millions de mètres cubes d’eau empoisonnée que l’on déversera dans l’océan pendant encore au moins deux ans. Un pays qui joue à la roulette russe avec une piscine remplie de plutonium vendu par AREVA. Des pauvres et des S.D.F. recrutés pour faire le ménage. Un gouvernement impuissant qui dissimule, qui ment, qui démissionne.
Peu de temps après, Sarkozy du haut sa mâle suffisance, nous refaisait le coup de la Ligne Maginot à la centrale de Gravelines — Ils ne passeront pas ! « Nous devons avoir une confiance absolue dans l’industrie nucléaire française, la meilleure au Monde » — devant une armée complaisante d’agents E.D.F encasqués.
Ça pue la guerre tout ça. Les mêmes soldats plus ou moins volontaires, envoyés se faire tuer au front, les mêmes populations sacrifiées, terrorisées, déplacées en troupeaux. Les mêmes mensonges d’état.
La blague tournait au vinaigre. L’histoire avait commencé avec Nino Ferrer chez les Simpson et finissait sur la Route. Pas celle de Kerouac, celle de Mc Carthy.
(1) Le Niger c’est LE pays le plus pauvre de la planète. 182 ème sur 182 (Indice de Développement Humain. ONU. 2011). La solidarité entre la chèvre et le lion…
(2) Uranium usé dopé au plutonium. Une espèce de spécialité française qui permet à AREVA de proclamer que le nucléaire est recyclable (à 5% par rapport au volume de déchet) alors qu’il a été abandonné par la plupart des pays nucléarisés à cause de la dangerosité du produit et de la filière.